Eloïse a rejoint PARTAGE l’année dernière au poste de Responsable du suivi des programmes Océan Indien et Europe. Son rôle est d’être l’interlocutrice privilégiée de nos partenaires dans la zone, de garantir la qualité des projets soutenus et l’utilisation des fonds afférents.

En novembre dernier, elle a effectué sa première mission de terrain à Mayotte auprès de notre partenaire, l’association Le Village d’EVA. Elle nous livre son expérience et ses impressions sur ce territoire, département le plus jeune de France.

« Je ne connaissais pas vraiment Mayotte avant de travailler avec Le Village d’EVA ; en arrivant à PARTAGE, j’étais très curieuse de découvrir ce territoire.

Le partenariat entre PARTAGE et Le Village d’EVA est récent, nous soutenons leur projet depuis septembre 2020. Aussi, j’étais très heureuse d’avoir l’opportunité de me rendre sur place pour une semaine afin de découvrir les activités qui sont mises en place et rencontrer l’équipe locale.

J’ai pu visiter les trois centres de l’association sur l’archipel. Ils accueillent des enfants âgés de 6 à 16 ans, exclus du système scolaire. Les jeunes viennent trois jours par semaine pour suivre des cours de rattrapage en français, mathématiques et instruction civique, animés par des bénévoles, et dont l’objectif est de faciliter leur insertion à l’école. Dans le centre de Combani, une classe de maternelle a été ouverte en avril dernier, quatre jours par semaine, pour une quinzaine d’enfants.

La plupart des personnes accompagnées par Le Village d’EVA sont étrangères et, de ce fait, rencontrent de nombreux obstacles en termes d’accès aux droits et à l’éducation. Outre la barrière de la langue, certaines mairies ont des pratiques discriminatoires et ne respectent pas leurs obligations en refusant d’inscrire des enfants sur les listes d’attentes ou en demandant des pièces illégales. Quelques jours avant mon arrivée, la commune de Tsingoni (localité voisine de Combani) avait été rappelée à l’ordre par le tribunal administratif pour ces mêmes raisons.

Le Village d’EVA permet aux enfants de faire valoir leur droit à la scolarisation : dans chaque centre, une médiatrice sociale accompagne les familles dans le dépôt et le suivi des dossiers d’inscription à l’école. L’association n’a pas vocation à se substituer à l’Etat et participe au plaidoyer pour le respect du droit universel des enfants à l’Education auprès des institutions publiques.

Les familles rencontrées vivent dans des situations de grande précarité : elles habitent dans des bidonvilles, souvent des constructions de tôle, et ont très peu accès aux services de base. L’accès à l’eau courante et potable ainsi qu’aux services d’hygiène sont des enjeux particulièrement importants à Mayotte ; car même pour les habitations avec l’eau courante, les coupures sont fréquentes.

A ces problèmes, s’ajoute le coût de la vie chère : la gestion du foncier et l’augmentation de la population impacte fortement les loyers, l’insularité de Mayotte et l’absence de production locale ont pour conséquence le prix de la nourriture particulièrement élevé, notamment pour les fruits et légumes frais.

C’est pourquoi, en plus de ses activités éducatives, le Village d’Eva a mis en place des actions de promotion de la santé et de réduction des risques dans les domaines de la nutrition, de l’hygiène et de la santé sexuelle et reproductive. Des formations sont organisées en partenariat avec d’autres acteurs locaux qui interviennent sur ces thématiques auprès des enfants et adolescents. Tous les centres sont dotés de toilettes, lavabos et savons pour permettre aux enfants de se laver les mains, ainsi que d’une cuisine, qui sert à préparer les collations (matin, après-midi) et les repas du midi. La COVID-19 n’ayant pas épargné Mayotte, Le Village d’EVA a aussi investi dans des machines à laver et masques en tissus, mis à disposition des enfants dans les centres.

Le dernier volet de la mission du Village d’EVA vise à sensibiliser les enfants à l’environnement et à la culture à travers diverses activités extra-scolaires. Mayotte est un archipel riche d’une grande biodiversité, qui est aux croisements d’enjeux sociaux et écologiques.

Cette première mission m’a permis de me rendre compte des réalisations du Village d’EVA mais aussi des obstacles auxquels l’association est confrontée. Les outre-mer sont souvent considérés comme le parent pauvre de l’Etat ; dans l’hexagone, nous n’en entendons pas beaucoup parler. J’ai donc été alertée par l’état d’exception dans lequel vivent les habitants de l’archipel : cette situation a d’ailleurs été relevée dans un rapport du Défenseur des Droits de 2019, et souligne la pertinence du travail du Village d’EVA pour la défense des droits de tous les enfants. »

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