Elèves de l'école de l'AHEED en rang dans la cours

Au cœur de l’Égypte, au milieu de ses transitions politiques et de ses défis économiques, des organisations comme l’AHEED (Association de Haute-Égypte pour l’Éducation et le Développement) se dressent pour l’avenir des enfants. L’AHEED opère dans les régions Menya, d’Assiut, de Sohag et de Luxor soutenant l’éducation formelle et non-formelle des enfants les plus vulnérables.

L’AHEED a une histoire profonde en tant qu’organisation pionnière dans le domaine du développement communautaire en Égypte. Fondée il y a 82 ans, son objectif initial était d’améliorer les conditions de vie des habitants ruraux de la Haute-Égypte et de promouvoir le développement des zones rurales. Leur vision était ancrée dans la conviction que l’amélioration des conditions de vie des plus démunis ne peut se réaliser que par le renforcement de leur dignité et en leur fournissant des moyens éducatifs adaptés à leur réalité.

La mission de l’AHEED est de renforcer les communautés locales pauvres en Haute-Égypte en offrant des opportunités éducatives sans discrimination, en promouvant les droits humains de base, en luttant contre la pauvreté sous toutes ses formes et en créant des opportunités d’emploi pour le développement de la communauté, en particulier pour les catégories à faibles revenus. L’AHEED aspire à créer une communauté durable où la dignité et la valeur de chaque individu, en particulier des enfants pauvres en Haute-Égypte, leur permettent d’investir pleinement leur potentiel pour réaliser un développement durable personnel et communautaire.

Paysage politique et économique de l’Égypte

Le paysage politique de l’Égypte a connu des changements significatifs depuis le Printemps arabe, avec des dirigeants comme Mohamed Morsi et Abdel Fattah al-Sissi arrivant au pouvoir. Malgré les changements politiques, la stabilité économique reste élusive, la nation luttant contre des problèmes tels que l’inflation et la dévaluation de la monnaie, exacerbant la pauvreté et les difficultés pour les familles.

L’Égypte a connu une série d’événements marquants depuis le début des Printemps arabes en janvier 2011. Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, a quitté ses fonctions le 11 février de la même année, laissant le Conseil suprême des forces armées (CSFA) assurer le pouvoir par intérim. Les élections législatives ont ensuite vu la victoire des candidats du Parti de la liberté et de la justice (PJD), affilié aux Frères musulmans, suivie de l’élection de Mohamed Morsi à la présidence en mai-juin 2012. Cependant, en juin 2013, Morsi a été destitué et remplacé par le Ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi.

Une nouvelle Constitution a été adoptée par référendum en janvier 2014, suivi de l’élection d’Al-Sissi à la présidence avec un large soutien populaire en mai 2014. En 2018, Abdel Fattah al-Sissi a été réélu pour un nouveau mandat de quatre ans, et en avril 2023, une révision constitutionnelle a prolongé son mandat jusqu’en 2024, lui permettant de briguer un troisième mandat. Les élections anticipées de décembre 2023 ont vu la réélection Abdel Fattah al-Sissi avec une participation record et des résultats largement contestés par l’opposition. La politique intérieure égyptienne est marquée par des critiques internationales concernant la répression des opposants au régime, la censure des médias et les restrictions aux organisations de défense des droits de l’homme. Malgré ces critiques, de nombreux Égyptiens semblent privilégier la stabilité et la sécurité sous le régime actuel, en particulier après l’expérience des Frères musulmans au pouvoir et les troubles dans les pays voisins.

L’économie égyptienne, la deuxième d’Afrique, est diversifiée, avec des secteurs clés tels que l’immobilier, la construction, la fabrication, le commerce de gros et de détail, l’agriculture, la sylviculture et la pêche, ainsi que l’extraction. Cependant, le secteur public occupe une place prépondérante, représentant une part importante de l’activité économique et des investissements. De plus, l’inclusion du secteur informel, qui pourrait représenter entre 30 et 60 % de l’emploi total, contribuerait significativement au PIB.

Malgré ces aspects, les prévisions de croissance économique pour l’exercice 2023/24 ont été revues à la baisse par le FMI, soulignant les défis persistants de l’économie réelle. La croissance du PIB égyptien est principalement soutenue par l’investissement public dans les grands projets d’infrastructure et la consommation intérieure.

Les défis économiques de l’Égypte sont également exacerbés par sa dépendance à deux principales sources de revenus : le tourisme et les redevances du Canal de Suez. Ces dépendances rendent l’économie vulnérable aux fluctuations externes et accentuent les défis structurels, tels que le déficit commercial et la faiblesse de l’appareil exportateur. Dans la décennie 2010, l’Égypte a mis en œuvre plusieurs programmes d’ajustement macroéconomique.

Cependant, malgré ces efforts, la récente escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine a exacerbé les risques et les préoccupations économiques pour l’Égypte. Les conséquences du conflit se font sentir dans des secteurs clés tels que le tourisme, les finances publiques et les comptes extérieurs. Depuis deux ans, l’inflation est galopante et la livre égyptienne a été dévaluée plusieurs fois perdant plus de 100 % de sa valeur.

Impact des difficultés économiques sur l’éducation

L’impact des défis économiques sur les familles en Égypte est profondément ressenti à travers le pays. Cette situation affecte directement les familles égyptiennes, avec une pression accrue sur les coûts de la vie, des emplois précaires et des défis socio-économiques persistants. La croissance économique en berne et l’instabilité financière ont un effet direct sur le quotidien des citoyens, en particulier les plus vulnérables. L’inflation record a un impact dévastateur sur le coût de la vie. Les familles doivent faire face à une augmentation constante des prix des denrées alimentaires de base, de l’énergie et d’autres biens de consommation, ce qui rend difficile la satisfaction des besoins essentiels.

De plus, la détérioration de l’environnement économique se traduit par une augmentation du chômage et des emplois précaires. Les familles luttent pour subvenir à leurs besoins fondamentaux et pour assurer un niveau de vie décent pour leurs enfants. De nombreux jeunes diplômés peinent à trouver un emploi stable, ce qui entrave leur capacité à contribuer au soutien familial.

En Haute-Égypte, particulièrement dans les régions de Menya et Assiut, de nombreux enfants sont privés d’une éducation de qualité en raison de divers facteurs, notamment la pauvreté, le manque d’infrastructures éducatives adéquates et les traditions culturelles restrictives. Ces enfants sont souvent contraints de travailler dès leur plus jeune âge pour subvenir aux besoins de leur famille, ce qui compromet leur accès à l’éducation et leur maintien dans le système scolaire. Les familles les plus touchées sont souvent contraintes de faire des choix difficiles, comme sacrifier l’éducation de leurs enfants pour répondre aux besoins immédiats. De nombreux enfants scolarisés travaillent en parallèle de leurs études.

Les filles sont particulièrement vulnérables à la marginalisation et à l’exclusion sociale, car les normes culturelles traditionnelles accordent souvent la priorité à l’éducation des garçons. En conséquence, de nombreuses filles sont déscolarisées dès leur adolescence, ce qui limite considérablement leurs perspectives d’avenir.

> Voir l’article « Le droit des filles à l’éducation : un combat essentiel pour l’égalité »

Les récentes difficultés économiques en Égypte ont créé d’énormes défis pour les familles, rendant de plus en plus difficile pour elles de payer l’éducation de leurs enfants. Beaucoup d’enfants viennent à l’école le ventre vide, entravant leur capacité à apprendre efficacement.

Le rôle de l’AHEED dans le soutien aux enfants vulnérables

Excellence académique et environnement bienveillant dans les écoles de l’AHEED

Deux élèves de l'AHEED en Egypte en classeLes écoles de l’AHEED se distinguent par leur engagement envers l’excellence académique et la création d’un environnement bienveillant pour tous les enfants. Les programmes éducatifs sont conçus pour encourager la curiosité, la créativité et l’apprentissage actif, permettant à chaque enfant de réaliser son plein potentiel. Le corps enseignant est soigneusement sélectionné et formé pour offrir un soutien individualisé à chaque élève, en tenant compte de leurs besoins et de leurs capacités uniques. De plus, les écoles de l’AHEED mettent l’accent sur les valeurs telles que le respect, la tolérance et la solidarité, créant ainsi un environnement sûr et inclusif où chaque enfant se sent valorisé et soutenu dans son parcours éducatif.

Séance de sport dans une école de l'AHEEDLe programme culturel de l’AHEED est varié et dynamique, offrant aux élèves de nombreuses opportunités de développement personnel et académique. À travers des activités telles que le théâtre, la musique, les compétitions de lecture et de narration, les concours scientifiques, les distinctions académiques et les compétitions sportives, les élèves ont l’occasion de développer leurs talents, d’explorer de nouveaux domaines d’intérêt et de renforcer leurs compétences dans différents domaines. Ces initiatives culturelles et sportives contribuent à créer un environnement éducatif stimulant et enrichissant, où les élèves sont encouragés à s’exprimer, à collaborer et à exceller dans divers aspects de leur vie scolaire.

Initiatives pour aider les familles vulnérables avec les coûts de l’éducation

L’AHEED reconnaît les défis auxquels sont confrontées les familles vulnérables pour assurer l’éducation de leurs enfants. C’est pourquoi, l’association a mis en place plusieurs initiatives visant à alléger le fardeau financier des familles. Par le biais de subventions et de réductions de frais de scolarité, l’AHEED rend l’éducation plus accessible aux familles défavorisées. De plus, des bourses supplémentaires sont disponibles pour aider les familles à couvrir les frais de matériel scolaire et d’uniformes. Grâce à ces initiatives, l’AHEED s’efforce de garantir que chaque enfant, quelle que soit sa situation économique, ait accès à une éducation de qualité.

Soutien académique pour les élèves en difficulté

Les élèves en difficulté bénéficient d’un soutien académique personnalisé dans les écoles de l’AHEED. Des programmes de tutorat et de soutien scolaire sont mis en place pour aider les élèves à surmonter leurs difficultés et à réussir sur le plan académique. Le corps enseignant travaille en étroite collaboration avec les élèves et leurs familles pour identifier les besoins spécifiques de chaque enfant et élaborer des plans d’action adaptés. Grâce à ce soutien, les élèves en risque de décrochage scolaire sont encouragés à persévérer et à atteindre leurs objectifs éducatifs, quelles que soient les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Éducation non formelle pour les enfants exclus

Pour les enfants en dehors du système éducatif formel, l’AHEED gère des écoles non-formelles, offrant une deuxième chance d’apprentissage. Ces écoles accueillent des enfants de tous âges qui ont pu abandonner l’école ou n’ont jamais eu l’opportunité d’y aller.

Programmes nutritionnels et sanitaires dans les écoles de l’AHEED

Le programme de santé et de nutrition de l’AHEED est conçu pour répondre aux besoins de santé des enfants dans les écoles. Il comprend plusieurs volets essentiels pour assurer le bien-être des élèves.

Bilans médicaux pour tous les enfants

Trois jeunes filles bénéficiaires de l'AHEED en train de prendre un repasChaque année, un bilan de santé complet et des analyses sanguines sont effectués sur tous les enfants inscrits dans les écoles. Ces tests permettent de dépister d’éventuels problèmes de santé, notamment les carences en zinc ou en vitamine D. À la fin de l’année scolaire, un deuxième bilan sanguin est effectué pour les enfants dont les résultats étaient anormaux en début d’année.

Nutrition et médication

Plusieurs centaines d’enfants présentant des symptômes d’anémie et de malnutrition bénéficient d’un programme de nutrition comprenant des repas équilibrés trois fois par semaine, ainsi que des médicaments prescrits par un médecin. Ce suivi médical vise à améliorer la santé et le bien-être des enfants les plus vulnérables et leur permet non seulement de rester à l’école, mais aussi d’améliorer de façon significative leurs capacités d’apprentissage.

Ces repas sont distribués pour tous les enfants des écoles formelles, dont le bilan médical de début d’année présente des carences, et inconditionnellement pour les tous les enfants des écoles parallèles.

Activités d’enfant à enfant

Des activités enfant-à-enfant sont organisées dans toutes les écoles. Cette approche éducative permet à des groupes d’enfants de travailler ensemble pour évaluer les problèmes de santé de leur communauté, définir des priorités et planifier des campagnes communautaires pour y remédier. Ils partagent également les bonnes pratiques en matière de santé avec leurs camarades, leurs enseignants et leurs parents à travers des pièces de théâtre, des chansons, des œuvres artistiques, etc. Des journées d’activités et des campagnes sont organisées dans chaque école, et des réunions de sensibilisation à la santé sont tenues avec les parents, abordant des sujets tels que l’hygiène, la prévention des maladies et la vie saine.

L’action de l’AHEED dans les écoles a un impact significatif sur la santé et le bien-être des enfants vulnérables. Grâce à des programmes de santé, de nutrition et d’éducation, l’AHEED offre un soutien essentiel qui permet aux enfants de bénéficier d’un environnement propice à leur développement personnel et académique.