17 juin 2023 : table ronde de l'association PARTAGE avec KEOOGO, UNICEF France, Hors La Rue et Sandra Lou comme animatrice

À l’occasion de ses 50 ans, après son Assemblée générale annuelle et un temps de célébration, PARTAGE a organisé ce week-end, le 17 juin 2023, à Paris, une table ronde sur la protection des enfants en situation de rue : un temps de réflexion collective essentielle sur la manière dont nous pouvons garantir l’accès de ces enfants à leurs droits fondamentaux tels que l’éducation, la santé, la protection et la participation. L’enjeu est de taille, et pour y répondre, des spécialistes de l’éducation, de la protection de l’enfance et des Droits de l’Enfant se sont réunis pour partager leurs connaissances et expériences. Animée par la dynamique et pétillante Sandra Lou, très engagée depuis 10 ans auprès d’enfants malades, cette table ronde a permis de mettre en lumière les causes, les défis, les bonnes pratiques et les partenariats nécessaires pour aider ces enfants particulièrement vulnérables.

Les intervenants : des experts de l’enfance

Cette table ronde captivante, a eu le privilège de compter Lassina Zampou, Directeur des opérations de KEOOGO au Burkina Faso, invité d’honneur, Béatrice Lefrançois, Secrétaire générale de l’UNICEF, Guillaume Lardanchet, Directeur de l’association Hors la Rue en France, et Yolaine Guérif, Directrice générale de PARTAGE. Chacun et chacune a présenté brièvement sa structure et son rôle dans la protection de l’enfance.

Les causes et défis : face à l’injustice

Maraude de l'association KEOOGO auprès des enfants en situation de rue @Olivier Papegnies
@Olivier Papegnies

Les intervenantes et intervenants ont commencé par rappeler unanimement, que l’on parle « d’enfants en situation de rue », et non pas « d’enfants des rues », car « la rue n’enfante pas » et que leur situation n’est souvent que temporaire.

La discussion s’est ensuite concentrée sur les causes qui poussent les enfants à vivre dans la rue, telles que la migration forcée, la séparation des familles, la violence, l’exploitation et les abus, la grossesse précoce et l’abandon scolaire, autant de fléaux auxquels ces enfants sont confrontés. Lassina Zampou a partagé son expertise sur les nouveaux profils d’enfants en situation de rue et les difficultés rencontrées pour leur encadrement, dans un pays en crise sécuritaire et humanitaire. Yolaine Guérif a également souligné l’importance de la prévention et de l’accompagnement des familles avant que les enfants ne basculent dans la rue.

Leurs témoignages ont fait écho dans la salle, révélant les réalités sombres qui nécessitent une action immédiate et durable.

Les modalités d’intervention et les bonnes pratiques

La table ronde a abordé les modalités d’intervention et les bonnes pratiques pour aider les enfants en situation de rue : des approches holistiques qui placent l’enfant au centre des décisions, des modèles d’accueil adaptés, des maraudes, parfois même avec d’anciens enfants en situation de rue, des services de santé mentale, d’éducation et de soutien social ont été évoqués comme des piliers incontournables. Les actions de prévention et la collaboration étroite avec les familles ont été mises en avant, offrant une lueur d’espoir dans l’obscurité, quand cela est possible, évoquant les méthodes de réintégration mises en place par KEOOGO, Hors la Rue ou les partenaires de PARTAGE, différentes selon les contextes.

La participation des enfants et des jeunes : partenaires du changement

Maraude de l'association KEOOGO auprès des enfants en situation de rue @Olivier Papegnies
@Olivier Papegnies

Un aspect essentiel de la discussion a porté sur la participation des enfants et des jeunes dans les décisions qui les concernent. Les intervenants ont partagé des exemples d’actions et de programmes conçus pour donner aux enfants une voix, évoquant les freins et les possibilités pour  garantir leur participation, sans discrimination.

Béatrice Lefrançois donne un exemple : « On va donner la parole aux enfants mais on s’aperçoit que même dans les systèmes électifs, on éloigne les enfants les plus vulnérables. Quand on est dans des conseils municipaux d’enfants, ils ont été élus, parce qu’ils ont fait une campagne. On s’aperçoit avec les villes qui ont ces systèmes-là depuis 10 ans ou 20 ans, que ceux qui sont élus, ce sont souvent ceux qui sont soutenus, ceux qui ont l’entrainement avec les parents, qui font des répétitions, etc etc.

On ne retrouve pas alors dans ce système les enfants les moins accompagnés et les plus vulnérables. Et donc, certaines villes comme Bordeaux ont décidé d’arrêter tout système d’élection, qui biaise. Ils ont alors fait des quotas en nombre de postes, en fonction du nombre d’enfants dans les écoles, en considérant qu’il y a souvent plus d’enfants dans les écoles des zones prioritaires. Les enfants font remonter leur souhait d’être candidats et c’est un tirage au sort qui est ensuite mis en place, sans candidature, ni débat. C’est une pratique qui permet de donner la parole à tous les enfants. […] Et quand on donne la parole aux enfants, il faut qu’il y ait le moins d’adultes possible pour ne pas biaiser les avis. »

La protection de l’enfance : un engagement collectif

Maraude de l'association KEOOGO auprès des enfants en situation de rue @Olivier Papegnies
@Olivier Papegnies

La collaboration entre les associations, les institutions et les jeunes a été mise en avant, ainsi que la protection des jeunes une fois pris en charge, notamment par le biais de codes de conduite, de systèmes d’alerte et de sensibilisation.

La table ronde a souligné l’importance de la collaboration avec différents acteurs tels que la police, la justice, les gouvernements, les ONG, les organismes de protection de l’enfance, les travailleurs sociaux, les professionnels de santé, les enseignants et la société civile. Les intervenants ont discuté des enjeux gouvernementaux, du rôle de la police et de la justice, pas toujours simple, de la formation, de la coordination et de la coopération entre les acteurs impliqués.

Lassina Zampou fait référence également à la collaboration nécessaire dans les zones inaccessibles : « La protection des enfants en situation de rue demande beaucoup d’investissement, car il y a des cas très complexes, avec parfois une participation difficile des familles, et des partenaires dans certaines zones, où on pourrait aller plus loin dans la réinsertion. Aujourd’hui, dans la situation du Burkina, il y a des zones rouges, dans lesquelles on ne peut plus aller mais où les enfants voudraient retrouver leur famille. En tant qu’organisation militante, on doit trouver des solutions avec l’aide d’autres organisations, de familles d’accueil mais aussi de l’État. »

En fin de discussion, Guillaume Lardanchet fait ce constat : « Que l’on parle des enfants en France, au Burkina Faso ou ailleurs, il y a des mécanismes similaires. Les violences envers les enfants transcendent toutes les classes sociales, les communautés, toutes les religions, toutes les cultures, et les besoins des enfants sont les mêmes qui qu’ils soient.

Cette universalité est frappante et on peut en parler avec les mêmes termes. Ce qui nous permet de parler d’une même voix notamment aux services étatiques, qui sont souvent aveugles et sourds à la souffrance des enfants et à la manière dont il faut y répondre. »

Conclusion

Cette table ronde inspirante sur la protection des enfants en situation de rue, a démontré que s’il est clair que des défis considérables subsistent pour garantir l’accès de ces enfants à leurs droits fondamentaux, il existe aussi des solutions. L’appel à une approche holistique, la participation des enfants et des jeunes, l’échange de bonnes pratiques et la collaboration efficace entre les différents acteurs ont été identifiés comme des chemins à suivre. Il est primordial que les institutions, les organisations de la société civile et les partenaires travaillent ensemble pour franchir ces obstacles et offrir un avenir meilleur à ces enfants vulnérables.

La Vice-Présidente de PARTAGE, Ilona Reszo, a exprimé sa gratitude envers tous les participants, en particulier pour la qualité des échanges et a souligné l’importance de la réflexion et de l’action continue pour faire progresser la mission de l’association.

En clôturant l’événement, le Président de PARTAGE, Dominique Bissuel, a remercié chaleureusement tous les intervenants et a invité les participants à aller chercher un cadeau offert et remis par KEOOGO, symbolisant ainsi l’engagement et la solidarité envers les enfants en situation de rue.

Cette table ronde a permis de sensibiliser plus de 120 personnes à la problématique des enfants en situation de rue et a généré des discussions constructives pour trouver des solutions durables. Le chemin à parcourir est encore long, mais avec des efforts concertés, il est possible de garantir l’accès aux droits fondamentaux de ces enfants et de leur offrir un avenir meilleur.

Les prochaines « Rencontres en partage »

Les prochaines rencontres auront lieu à :

  • Compiègne, le 23 septembre, avec le SESOBEL, au Liban
  • Lyon, le 14 octobre, avec RACINES, au Bénin
  • La Roche-sur-Yon, le 9 décembre, avec ADEMA, à Haïti

Nous avons hâte de vous y retrouver et espérons que vous serez nombreuses et nombreux pour ces grands événements qui célèbrent les 50 ans d’action de PARTAGE avec les enfants du monde !