« Des « Namaste » prononcés en cœur, une écharpe de soie blanche khatag respectueusement passée autour de la nuque, un thé au lait parfumé offert avec un grand sourire : voici le rituel d’accueil qui nous a été réservé à chacune de nos visites au Népal !

En tant que Responsable de programmes Asie et Caraïbes, mon rôle est de veiller à ce que les collaborations entre PARTAGE et nos partenaires en Asie et aux Caraïbes soient les plus efficients possible. Pour cela, j’accompagne les partenaires de ces zones géographiques dans la définition d’un programme sur trois ans. Nous sommes en contact au jour le jour et réalisons des points approfondis a minima chaque six mois pour veiller au déroulement favorable des activités et à la bonne gestion financière. Un ensemble d’outils me permet de suivre les projets à distance, mais rien ne remplace des visites sur le terrain qui permettent des rencontres physiques avec les équipes, les enfants et leurs familles.

Les plans triennaux établis avec nos partenaires au Népal arrivant à leur terme, nous voici mi-novembre 2023 dans l’avion direction Katmandou avec mon collègue Colin BOYAVAL, qui a été responsable de programmes Asie pendant cinq ans, et moi-même ! Depuis les airs, les chaînes de montagnes enneigées fascinent. Lors de mes premiers pas au Népal, c’est la spiritualité des Népalais qui me marque : les drapeaux colorés de prières bouddhistes côtoient des temples hindous. On se déchausse avant d’entrer dans chaque pièce, les odeurs d’encens nous charment autant que les délicieux plats subtilement épicés.

BIKALPA - Népal - Aangan SchoolLe lendemain de notre arrivée, alors que le Népal vient de célébrer pendant cinq jours le festival des lumières appelé Tihar, nous sommes reçus au sein de l’association népalaise BIKALPA par la directrice fondatrice elle-même. Nous passons quatre jours auprès de l’équipe de BIKALPA, engagée pour la cause des enfants et des femmes, composée principalement de femmes issues de différentes ethnies népalaises, une belle démonstration de cet engagement pour l’épanouissement de toutes les femmes au Népal !

Notre première visite est celle de l’Aangan School, une salle de classe située dans un bidonville où les animatrices de BIKALPA accueillent six jours par semaine les enfants non-scolarisés du quartier et ce, malgré leur condition de pauvreté apparente (vêtements abîmés, conditions sanitaires précaires…). Elles leur proposent des activités pour acquérir des connaissances académiques, mais aussi pour développer des compétences transversales (sociales, spirituelles, de vie courante et de vivre-ensemble). Arrive un des moments les plus importants de la journée : les enfants dégustent chaque jour un repas nutritif préparé par BIKALPA avec appétit et une joie certaine !

Nous visitons également la Mobile School, l’école mobile qui fonctionne sur le même principe que la Aangan School, le Women Education Program, une école destinée aux mères de famille illettrées, et des activités de promotion de la paix développées par BIKALPA en milieu scolaire. Plusieurs séances de travail entre BIKALPA et notre équipe de missionnaires ont également permis d’identifier les réussites de ces différents programmes et tout ce qui pourrait être améliorer pour le prochain plan triennal.

Voice of Children - Népal - Centre de socialisationNous passons ensuite quatre jours auprès de Voice Of Children, une association spécialisée et très reconnue au Népal pour son travail auprès des enfants des rues. L’équipe de Voice Of Children a développé une méthodologie de prise en charge et d’accompagnement qui a fait ses preuves, Voice Of Children est d’ailleurs l’une des seules organisations habilitées par le gouvernement népalais. Un enfant recueilli et confié à Voice Of Children bénéficie d’un accompagnement individualisé et personnalisé, il est tout d’abord accueilli dans le Centre d’accueil de l’association où il résidera les premières semaines. Le Centre d’accueil est un lieu transitoire entre la rue et le Centre de socialisation où l’enfant se stabilisera en attendant sa réintégration dans la société. Un programme quotidien d’activités rythme les journées et permet aux enfants de retrouver des repères qui, petit à petit, se familiarisent aux règles de vie en communauté. C’est un processus long mais nécessaire pour ces enfants qui ont connu survie et souffrance dans la rue.

Lorsque j’arrive aux Centres, les enfants viennent de finir de ranger leurs dortoirs et de faire une séance de sport, passent manger leur repas du matin au réfectoire, puis entrent en classe. Les éducatrices et éducateurs s’adressent aux enfants avec douceur et affection tout en sachant se faire respecter.

L’objectif final de l’accueil à Voice Of Children reste la réintégration : un travailleur social rencontre l’enfant avant même son arrivée au Centre d’accueil et s’attèle à retrouver sa famille, quel que soit l’endroit où elle réside au Népal. Le retour dans la famille biologique est souvent possible, mais dans le cas contraire, le travailleur social identifie d’autres membres de la famille ou de la communauté, plus ou moins éloignés, acceptant de prendre soin de l’enfant.

Tous les enfants accueillis à Voice Of Children sont réintégrés à terme dans leur famille ou communauté, à quelques exceptions près. Les adolescents proches de la majorité ont parfois un parcours de vie complexe qui compromet un retour serein en famille, Voice Of Children leur propose alors une formation professionnelle et un accompagnement jusqu’à la majorité et au-delà. L’autre exception est un garçonnet qui a été confié à Voice Of Children il y a trois ans de cela et qui avait été retrouvé dans les rues de Katmandu. Le jeune garçon ne parle pas, impossible donc de connaître son nom et d’obtenir des indices sur son histoire et sa famille biologique. Sans identité et après survécu à un très jeune âge dans la rue, il s’épanouit à merveille dans le centre et, entouré d’éducateurs qui prennent grand soin de lui, le garçon a commencé tout récemment à prononcer ses premiers mots. »

Laure Etcheto