« L’association PARTAGE est particulièrement préoccupée par la crise politique, sécuritaire et humanitaire qui ne cesse de s’aggraver en Haïti depuis plusieurs semaines. Janvier 2024 avait déjà été qualifié par l’ONU comme le mois le plus violent depuis plus de deux ans à cause de l’augmentation des attaques et enlèvements perpétrés par les gangs. Début février, l’ONU lançait un appel aux dons pour faire face à une crise humanitaire et alimentaire majeure en Haïti, révélateur de la situation critique à l’échelle du pays.

Jeudi 29 février 2024, des bâtiments de police ainsi que la zone de l’aéroport international ont subi des attaques coordonnées de gangs. Au cours du week-end du 2 et 3 mars 2024, deux prisons de la capitale ont été prises d’assaut et des milliers de détenus se sont évadés. L’état d’urgence a été décrété en Haïti et un couvre-feu a été instauré à Port-au-Prince.

Ces attaques ont été revendiquées par des groupes armés qui disent vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry. Suite à l’assassinat du Président Jovenel Moïse, le Premier ministre avait jusqu’au 7 février 2024 pour organiser des élections et quitter le pouvoir. L’échéance dépassée sans avancée politique majeure, Ariel Henry se retrouve de plus en plus contesté par la population haïtienne, qui a exprimé son mécontentement lors de plusieurs jours de manifestations début février 2024.

Les récents événements à Port-au-Prince coïncident avec un déplacement du Premier ministre, Ariel Henry, au Kenya, où un accord a été signé le vendredi 1er mars 2024 entre les deux pays pour l’envoi d’une mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti. Cette mission a été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU en octobre 2023 et devrait être menée par le Kenya, si les blocages judiciaires internes kényans sont levés et si les fonds, équipements et moyens humains mobilisés à l’échelle internationale, sont suffisants. Plusieurs pays se sont déjà engagés publiquement (notamment les Etats-Unis avec une contribution de 200 millions de dollars et le Bénin avec la mobilisation de 2 000 soldats) mais, selon les dernières annonces, les contributions mobilisées ne permettaient pas encore de pouvoir couvrir une intervention d’une année.

La Région du Bas Nord-Ouest, où se trouve notre partenaire ADEMA, reste épargnée jusqu’à ce jour. Aussi, bien que la situation politique et humanitaire soit préoccupante à l’échelle du pays, nous sommes en contact au jour le jour avec l’équipe d’ADEMA. Notre partenaire confirme sa volonté de mettre tout en œuvre pour maintenir– aussi longtemps que possible – les écoles des communes de Jean Rabel et Bombardopolis ouvertes. Car maintenir l’accès à l’éducation en temps de crise – outre l’apport essentiel au développement global de l’enfant – revêt un caractère tout particulier dans le maintien du lien social, dans le soutien psychologique et permet d’éviter le décrochage, risque d’exposition supplémentaire à la violence.

PARTAGE dénonce cette crise humanitaire et politique ainsi que cette montée de la violence dont les civils haïtiens sont les premières victimes. Nous adressons tout notre soutien à la population haïtienne, et plus particulièrement à l’équipe d’ADEMA, aux enfants, familles et équipes encadrantes de nos écoles partenaires.

Alors qu’une mission de suivi était prévue en mars 2024, l’association PARTAGE se voit contrainte de repousser à nouveau ce déplacement sur le terrain en Haïti. Cette mission sera évidemment reprogrammée dès que les conditions de sécurité seront à nouveau réunies. Loin d’être stoppée par le contexte, la collaboration entre PARTAGE et ADEMA continue à se renforcer grâce à l’engagement de toutes les parties prenantes et à notre volonté commune de continuer à proposer une éducation de qualité pour les enfants haïtiens. »

Laure Etcheto, nouvelle Responsable de programmes Asie et Caraïbes pour PARTAGE avec les enfants du monde

 

Laure Etcheto,

Responsable programmes en Haïti.