AFD_rvb_v2L’Agence Française de Développement, AFD, cofinance le projet d’appui à la revalorisation et à l’amélioration de la qualité de l’offre éducative publique dans le département du Nord-Ouest d’Haïti, avec notre partenaire Adema.

Résumé du projet

AdemaL’AFD a octroyé une subvention de 600 000 € (soit 48,9% du montant total du projet) sur deux ans et demi à Partage pour un projet visant à améliorer l’accès à une éducation primaire publique de qualité par la revalorisation des écoles nationales dans le département du Nord-Ouest d’Haïti. En intervenant à différents niveaux (département, district, commune, école), le projet entend contribuer au changement dans la gouvernance du système éducatif et agir sur la qualité de l’enseignement. Mis en place par l’ONG haïtienne ADEMA, le projet permettra d’améliorer l’encadrement et l’accompagnement des écoles nationales, d’améliorer l’accès aux écoles nationales, la rétention, la fréquentation et la qualité de l’enseignement public, en accueillant et en maintenant les élèves les plus défavorisés et en améliorant le niveau de formation des enseignants. Enfin, il permettra de renforcer la collaboration et les échanges entre tous les acteurs du système éducatif. Le projet devrait toucher 10 500 enfants, 300 enseignants et 42 directeurs d’écoles, 11 inspecteurs, 9 conseillers pédagogiques, près de 20 cadres en charge de l’éducation au niveau local.

Le projet en détails

Contexte du Nord-Ouest d’Haïti

pays_carte_haitiLe Nord-Ouest d’Haïti est l’un des départements les plus défavorisés du pays, notamment de par sa difficulté d’accès routier (aucune route asphaltée) et par conséquent, son isolement vis-à-vis du reste du pays. La situation économique y est très précaire et sa vulnérabilité face aux aléas climatiques en fait une zone très fragile : l’insécurité alimentaire touche 57,7% des ménages. Les échanges commerciaux avec le reste du pays sont rares et le chômage concerne une majorité de la population. L’éducation passe donc au second plan pour beaucoup de familles qui n’ont pas les moyens de payer les frais d’écolage et les autres dépenses liées à la scolarisation de leurs enfants.

Focus sur le Bas Nord-Ouest

Communément appelé « Farwest », le Bas Nord-Ouest d’Haïti regroupe les quatre communes de Baie-de-Henne, Bombardopolis, Jean-Rabel et Môle-Saint-Nicolas. Partage est présente dans la zone depuis 2012 à travers un partenariat avec l’association Haïtienne ADEMA qui, depuis sa création en 2005, œuvre dans ces quatre communes et possède donc une connaissance approfondie de la zone et de ses caractéristiques, des acteurs et des problématiques qui lui sont propres. Par ailleurs, les autres associations et ONG internationales y sont peu nombreuses et focalisent surtout leurs actions sur le secteur de la sécurité alimentaire.

Des progrès restent à faire pour faciliter l’accès à l’école

Projet AFD ADEMAEn dépit des efforts entrepris par le gouvernement, les prescrits constitutionnels d’obligation et de gratuité scolaire sont encore loin d’être réalisés.
Le district de Jean-Rabel présente les faiblesses et difficultés que l’on retrouve dans l’ensemble du pays au niveau du système éducatif. Premièrement, l’offre éducative reste caractérisée par la prédominance du secteur non-public : seulement 15,8% des écoles sont publiques. Les parents ont tendance à bouder ces écoles qu’ils considèrent comme médiocres.

 

Des difficultés à maintenir les élèves à l’école

atelier_dyslexiquesLes écoles peinent à maintenir les élèves en classe jusqu’en 6èmeAF et encore plus jusqu’au 3ème cycle (84% des élèves de primaire accèdent à la dernière année du 2ème cycle alors que le taux brut d’admission est de 165,6 %, concernant le 3ème cycle, le taux brut d’achèvement de celui-ci est de seulement 37,5 % pour l’ensemble du district). Ce faible niveau de rétention des élèves est causé par le mode d’organisation mis en place dans les écoles publiques de la zone, le manque de qualification des enseignants et des directeurs et l’insuffisance qualitative et quantitative des ressources pédagogiques et didactiques mobilisées. Cela est également lié au fort taux de redoublements au 1er et 2èmecycle (22%) qui aboutit à des taux de sur-âgés qui frôlent les 54% au 1er et 2ème cycles et 85% au 3ème cycle. De plus, l’instabilité économique subie par une majorité des familles devient un obstacle pour la scolarisation des enfants.

Problème de formation des professeurs

activite_parrainage_Jean_RabelLes professeurs du district sont très peu formés : seulement 30% des professeurs de l’école fondamentale possèdent les qualifications requises pour exercer leur métier d’enseignant. Leur faible rémunération (obligation d’exercer une seconde activité pour compléter leurs revenus) et la dévalorisation de leur métier provoque un « turn-over » important et une perte de motivation. Cela concerne également les directeurs d’écoles qui ont de faibles compétences en gestion et ne prennent pas part activement à la vie de l’école.

La Direction Départementale de l’Education du Nord-Ouest (DDENO) et le Bureau du District Scolaire (BDS) peinent à exercer leurs fonctions. En effet, les inspecteurs du fondamental 1er et 2ème cycle sont en sous-effectif et peu sont qualifiés. Le manque de moyens à leur disposition est également un frein à la réalisation de leurs tâches.

Un rôle à jouer pour la communauté dans les écoles

Au sein des écoles, les comités de gestion, de parents et d’élèves ont un rôle clé à jouer pour assurer une bonne gestion des établissements scolaires et permettre à la communauté de s’impliquer dans les affaires de l’école et ainsi dans la gestion de l’éducation. Dans les faits, les comités de gestion et  de parents n’ont généralement pas les compétences, le temps ni les moyens matériels pour agir en faveur de l’amélioration de l’enseignement. De plus la participation des élèves dans la vie de l’école est encore trop souvent limitée aujourd’hui en Haïti.

Des solutions possibles

ecole_Panou_Bombardopolis_11La revalorisation des écoles nationales constitue donc un des atouts majeurs pour atteindre l’objectif de la scolarisation universelle des enfants de manière durable. Elle contribuera à accroître la couverture de l’éducation de base en améliorant l’offre publique ; elle permettra d’agir sur la qualité de l’enseignement et engendrera une meilleure prise en charge des exclus du système éducatif. Elle garantira la pérennisation des actions allant dans le sens de la scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire.

Pour assurer le suivi et la pérennité de la mise en place du processus de revalorisation des écoles nationales du district, un dispositif pluri-acteurs sera mis en place. Sa structure sera définie en rapport avec le rôle que les différents groupes d’acteurs (communauté éducative, société civile, services déconcentrés du MENFP et collectivités territoriales, ONG)  peuvent jouer dans la mise en œuvre du processus de revalorisation des écoles nationales. Conformément à la décision du Gouvernement de signer un Pacte National pour une éducation de qualité avec la communauté éducative, les partis politiques et les secteurs organisés de la société civile, les différents groupes d’acteurs seront engagés dans la mise en œuvre d’un dispositif de suivi et d’amélioration de la qualité de l’éducation dans le district.