Si plusieurs facteurs conditionnent la qualité de l’enseignement offert à des apprenants, ce qui est déterminant ce sont les compétences des enseignants.

Les infrastructures scolaires peuvent exister et répondre aux normes, les enfants peuvent disposer de fournitures et d’ouvrages scolaires, l’apprentissage des élèves peut se faire de manière adéquate si les enseignants ont une certaine maîtrise des techniques pédagogiques, en plus des connaissances disciplinaires.

Ce n’est malheureusement pas le cas dans le système éducatif en Haïti où seulement 26.73 % des enseignants du public et 13.05 % de ceux du secteur non public sont des normaliens. Dans les écoles appuyées par le programme scolaire de l’Acded, la quasi-totalité des enseignants ne sont pas des normaliens.
Une telle situation peut étonner, mais elle est le produit d’une réalité. Situées dans des zones isolées, d’accès difficiles, dépourvues des services de base, ces écoles du milieu rural, mises en place par les communautés, les paroisses ou des missions protestantes (plus de 80 % de l’offre scolaire est privée), ne peuvent compter que sur les ressources humaines disponibles sur place. Les enseignants qui exercent dans ces écoles sont majoritairement des jeunes qui, ayant été contraints de renoncer à poursuivre leurs études classiques après la 7ème année, parfois la 9ème, ont fait le choix de rester dans leurs communautés et d’apporter leur contribution en devenant enseignant.

Ce courage et cet engagement ne suffisent pas pour permettre à ces jeunes novices d’assurer convenablement l’apprentissage des enfants. Il est indispensable que ces enseignants soient encadrés afin qu’ils puissent progressivement acquérir les compétences nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Tout appui apporté aux écoles, pour être efficace et contribuer effectivement à une amélioration de la qualité de l’enseignement donné aux enfants, doit prendre en compte cet aspect de la problématique de l’éducation en Haïti. La priorité doit être accordée à la formation des maîtres, tout en tenant compte de la spécificité de ce corps professoral dans la méthodologie adoptée pour assurer ce renforcement de capacités.
Le cursus de formation qui leur est proposé comporte à la fois des modules de compétences générales et des modules disciplinaires. Les enseignants peuvent ainsi acquérir des connaissances relatives au programme du Ministère de l’éducation nationale, à la préparation des leçons, à la gestion des classes. Pour compléter leurs connaissances, parfois limitées dans les disciplines enseignées, des modules se sont développés. Mais cette formation formelle ne peut, par elle seule, garantir l’appréhension des techniques d’enseignement, des contenus des programmes et leur application par les enseignants.

Il est important de mettre en place un système de suivi des enseignants formés. Des visites de suivi se font régulièrement et permettent d’accompagner et de conseiller les enseignants. Ce sont des moments de formation continue où l’enseignant, en situation, peut recevoir un accompagnement personnalisé, allant jusqu’à présenter des leçons en binôme avec son accompagnateur. Cela permet aussi de juger de la progression de l’enseignant, de déterminer ses besoins en formation de mise à niveau ou de clarification. C’est aussi un moyen de créer et renforcer chez ces nouveaux maîtres, estime de soi et confiance.

Pour faciliter cette mise en confiance, tout en renforçant leurs compétences, des journées pédagogiques sont organisées afin que chaque participant puisse jouer le rôle de pair formateur. Ce partage d’expériences, de leurs vécus en classe, la recherche commune de solutions, tout cela contribue à faire de ces jeunes de vrais enseignants, compétents et responsables, aptes à inculquer aux apprenants les notions de base pour une bonne scolarisation, tremplin de promotion sociale.