Depuis près de 20 ans, Génération Médiateurs, partenaire de Partage en France, mène un travail de prévention contre la violence à l’école. Dans un premier temps, des formations à la gestion des conflits sont dispensées aux éducateurs, aux enseignants, aux assistantes sociales, aux parents d’élèves… Puis dans un second temps, ce sont ces adultes formés qui vont à leur tour animer une quinzaine d’ateliers interactifs au cours desquels, les enfants vont apprendre à mieux se connaître, à prendre la parole dans un groupe, à découvrir l’autre, à observer leur propre façon de réagir dans les situations de conflit et surtout à rétablir la communication entre des camarades en conflit, par des techniques de médiation.
Rachid est un jeune homme de 16 ans. Ancien médiateur de collège, il raconte ses motivations et son expérience de médiateur.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir médiateur ?

« oh là, là, me dit-il, en 6ème et 5ème, j’étais pas, enfin en comportement, j’étais plutôt dans la violence, la bagarre, j’étais mal entouré, je traînais avec les troisièmes, j’étais connu dans tout le quartier… Il fallait que j’ai de l’autorité sur les autres, si je ne connaissais pas quelqu’un, il ne fallait pas qu’il me regarde, je lui disais « t’es qui toi ? Pourquoi tu me regardes ??? », j’étais agressif. Quand les copains de 3ème sont partis, j’en avais marre d’être comme ça, je ne me sentais plus à l’aise du tout avec ça. Quand on m’a proposé la médiation, je me suis dit pourquoi pas, je n’ai rien à perdre, j’ai envie de voir et puis je connaissais tout le monde, tout le monde me connaissait. »

Qui vous formait ?

« C’était la prof de Français, la responsable du CDI, le prof de sport et celui d’espagnol aussi. »

Qu’est-ce que cela vous a apporté d’être médiateur ?

«  Et bien maintenant, je sais que si on est quelqu’un qui a fait des bêtises comme moi, on peut changer. Et la médiation ça me tenait à cœur… Quand je réglais un conflit, je me disais que je m’étais rendu utile à quelque chose. Ça  m’a fait réfléchir, j’aime bien parler avec les élèves, j’aimais bien regarder, analyser le conflit. Je voyais bien aussi que pour les élèves c’était beaucoup plus facile de venir raconter leurs histoires aux médiateurs, ils n’osaient pas en parler aux profs.

Le souvenir d’une médiation ?

« Je me souviens d’une médiation difficile… il y avait deux clans de filles qui avaient dit beaucoup de « choses » et c’était bien difficile à démêler, elles étaient vraiment beaucoup et j’avais demandé si nous pouvions être trois médiateurs pour ne pas se faire déborder. Ça a été très long, nous avons fait plusieurs médiations et à la fin elles ont décidé de s’ignorer pendant un temps, je vérifiais de temps en temps qu’elles y arrivaient… Et maintenant elles ne sont plus dans le collège mais je sais qu’elles ont réussi à renouer le lien, il y en a même qui sont de vraies bonnes amies alors qu’elles étaient de clans différents. »

Et maintenant ?

« Maintenant dans mon lycée, j’aimerais bien qu’il y ait des médiateurs, ce serait aussi utile, car il y a pas mal de violence. C’est vraiment dommage, parce que ceux qui sont dans un délire de violence, ils n’ont vraiment rien à perdre d’aller vers la médiation. Dans ma vie personnelle ça me sert, souvent quand je vois que je commence à m’énerver, je me dis « ignore, laisse faire ».

Marie-Christine, la formatrice, explique que durant tout l’entretien, Rachid est souriant, qu’il évoque tous ses souvenirs avec beaucoup de plaisir et de fierté aussi. Rachid fait partie des 10 000 jeunes formés, chaque année, à la gestion des conflits.

Et les résultats de cette méthode sont probants : les acteurs de la vie scolaire ont pu constater une baisse significative des conseils de discipline et des exclusions et une amélioration de l’ambiance et du climat général dans les écoles.

Cette technique de médiation par les pairs a véritablement fait naître un espoir pour ces jeunes de pouvoir recevoir une éducation dans des conditions seines et apaisées, loin de toutes formes de violence !