Jean-Marc Vernette

Jean Marc VernetteJe m’appelle Jean-Marc Vernette et suis à quelques mois de mon 68e printemps (le crépuscule approchant inexorablement, il est plus agréable de parler de printemps plutôt que d’anniversaire). Après avoir pratiqué la comptabilité et le contrôle de gestion pendant une trentaine d’années, j’ai eu l’occasion de terminer ma vie professionnelle dans les systèmes d’information d’un grand groupe français.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans une mission de bénévolat ?

Deux raisons m’ont amené à prendre contact avec France Bénévolat :
Après une vie professionnelle agréablement chargée j’appréhendais difficilement le passage de la vie active à la retraite (comme si la retraite ne pouvait pas être active !), cette vacuité qui était là devant moi pour des années m’effrayait, cette perspective vide ne me convenait pas. Lorsque j’étais jeune, je me suis passionné pendant quelques années pour les voyages en Asie (dans la mesure où ma vie professionnelle me le permettait). Ces voyages ont été pour moi un moyen de découvrir d’autres modes de vie, d’autres courants de pensée, de prendre confiance en moi et je m’étais promis de donner à mon tour un peu de ce que j’avais eu la chance de recevoir.

Pourquoi avec Partage ?

France Bénévolat m’a d’abord proposé de participer à la lutte contre l’illettrisme, activité pour laquelle je ne me sentais pas de dispositions particulières mais qui m’a tellement passionnée que je la poursuis encore aujourd’hui. Ensuite, comme j’avais parlé de mon envie d’aider des pays moins favorisés que le nôtre, France Bénévolat m’a donné les coordonnées d’AGIR (Association Générale des Intervenants Retraités), partenaire de Partage. Au cours de deux missions en Centrafrique, j’ai eu l’occasion de travailler avec Yves Mormède qui intervient fréquemment pour Partage et c’est par lui que j’ai participé à l’activité de Partage. C’est d’ailleurs Yves qui m’a proposé pour cette mission chez ADEMA (Haïti).

Quelle a été votre mission ?

L’ONG haïtienne ADEMA basée à Jean Rabel (nord-ouest de Haïti, région défavorisée et délaissée), est dynamique grâce à l’énergie de son directeur (Mausert François) mais souffrait d’un manque d’organisation dans le secteur administratif. Cette carence en organisation est aggravée par la répartition géographique (un bureau à Port-au-Prince et deux agences dans le nord avec un réseau routier difficile). Ma mission consistait à mettre à jour et remettre en service le manuel de procédures, d’apporter des améliorations dans l’organisation des tâches administratives. J’ai remis à l’ordre du jour le respect du manuel de procédures. Il fallait revoir le traitement de certaines opérations, éviter les redondances, redéfinir les responsabilités et les répartir… Il était urgent de remettre de l’ordre dans les dossiers du personnel, mettre aux normes les contrats d’embauche, de gérer les congés payés et les absences.

Qu’avez-vous apporté aux bénéficiaires ?

En collaboration avec le directeur, nous avons remis en service les réunions trimestrielles d’activités avec les responsables (suivi des projets, analyse des dysfonctionnements, recherche de solutions, mise en place de plans d’action, rappel des règles…). Quelques séances de formation avec les équipes administratives ont eu lieu :

  • Rappel des principes de comptabilité analytique et mise en œuvre d’une comptabilité analytique permettant de suivre l’activité de l’atelier mécanique (le système comptable le permettait, il suffisait d’effectuer un petit paramétrage).
  • Mise en place d’une facturation interfacée avec la comptabilité pour les prestations de l’atelier mécanique.

Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté personnellement ?

Ce fut une mission compliquée car si la mise en œuvre d’outils, de techniques est relativement aisée, les faire adopter est complexe et nécessite beaucoup de patience, de diplomatie, de persévérance. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l’on espérait mais parvenir à mettre en place quelques améliorations et surtout faire prendre conscience qu’il y a des problèmes et des lacunes est motivant. Sentir que nos interlocuteurs ont compris qu’il y avait des progrès à réaliser est déjà une réussite et nous donne la motivation de poursuivre. Les relations professionnelles entre des personnes de différentes cultures est souvent complexe mais cette nécessité de comprendre, d’admettre, de s’adapter, de concilier est une source d’enrichissement personnel, et apporte la satisfaction de la réussite même si celle-ci doit être relativisée.

Quels conseils pourriez-vous donner à de futurs bénévoles ?

Partir avec enthousiasme ne doit pas nous faire oublier que nous devons être modestes quant à nos objectifs, nous n’allons pas, en une mission, tout redresser, résoudre tous les problèmes du pays. Visons à l’amélioration d’une structure, à la progression technique et professionnelle du personnel que nous devons former. Si nous parvenons à faire progresser quelques personnes, elles feront progresser la structure dans laquelle elles opèrent. Il n’est pas souhaitable de mettre en exergue nos compétences et notre expérience, c’est notre capacité à résoudre des difficultés, à trouver des solutions qui se chargera de nous imposer face à nos interlocuteurs.

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