29 janvier 2025, à 6h42 – La sixième tempête tropicale de la saison dans l’Océan Indien est baptisée Elvis. Elle est née dans le canal du Mozambique quelques jours auparavant et frappe désormais le sud-ouest et le sud de Madagascar. Ce phénomène se distingue par la quantité exceptionnelle de pluie qu’il a déversée sur une région habituellement marquée par des précipitations rares et irrégulières, provoquant des inondations dévastatrices et paralysant les activités locales.

Des précipitations hors normes dans une région aride

Tempête Elvis à Madagascar : camion renversé au milieu d'une coulée d'eauDans le sud, à l’exemple du district de Morombe, on a enregistré plus de 500 mm de pluie en seulement 24 heures, un record pour une région qui reçoit habituellement entre 300 et 700 mm sur toute une année.

Pendant une semaine, Elvis a déversé des trombes d’eau sur le sud et le sud-ouest de Madagascar, bouleversant le quotidien des habitants et aggravant une situation économique déjà fragile.

Une paralysie des activités économiques et scolaires

Dans la zone des Salines, où de nombreuses familles vivent de la récolte du sel – une activité précaire rapportant à peine 2 € par jour – les bassins d’évaporation ont été totalement submergés. Sans production, les revenus s’effondrent, mettant en péril l’accès à la nourriture. Certaines familles n’ont eu d’autre choix que de vendre ou s’improviser boucher avec leur dernier bétail pour survivre.

L’impact s’est aussi fait ressentir sur l’éducation : au respect de la décision des autorités locales sur l’arrêt des activités scolaires, l’école des Salines a dû fermer, privant les enfants de cours et surtout de leur repas quotidien à la cantine, souvent leur seule source de nourriture équilibrée de la journée.

Les pêcheurs, après plusieurs jours bloqués à terre, ont tenté de reprendre la mer malgré les alertes. Pour eux, attendre plus longtemps signifiait ne plus pouvoir nourrir leur famille. Un choix risqué qui a bien failli virer au drame : 118 pirogues ont été portées disparues en pleine tempête avant d’être finalement retrouvées vers la fin de la semaine.

À Sakaraha, des dégâts considérables mais aucune perte humaine

À Sakaraha, l’impact d’Elvis a été tout aussi violent. Face à la montée des eaux, de nombreuses familles ont dû être évacuées en urgence vers un centre d’hébergement temporaire. 1 589 personnes se retrouvent sinistrées, 452 maisons ont été détruites et plusieurs dizaines de blessés ont été recensés.

Les conditions sanitaires se sont rapidement dégradées, favorisant l’apparition de maladies opportunistes. Malgré l’ampleur des dégâts, aucune perte humaine n’a été signalée, une rare lueur d’espoir dans ce tableau sombre.

Une saison cyclonique anormalement active : simple hasard ou dérèglement climatique ?

Elvis n’est pas un cas isolé. Depuis le début de l’année, l’Océan Indien connaît une activité cyclonique particulièrement intense. Après Chido, Dikeledi et Elvis, c’est désormais Faida qui a traversé Madagascar d’est en ouest le 4 février. Et déjà, un huitième système est en gestation, sous haute surveillance par la station météorologique de La Réunion.

L’urgence climatique est là. Et chaque tempête nous rappelle qu’il est peut-être déjà trop tard pour l’ignorer.