Dans ce pays très fragile qui peine à retrouver la voie de la réconciliation, le terrible séisme du 25 avril 2015 a plongé à nouveau le Népal dans la crise. Les nombreuses  victimes ont dû attendre jusqu’en décembre dernier pour que le Gouvernement* autorise le début du processus de reconstruction en débloquant les premières aides publiques.

Un chemin vers la reconstruction encore très long

Le séisme est venu affaiblir une économie déjà très fragile. La nouvelle Constitution Népalaise, mise en œuvre en septembre 2015, a instauré une République fédérale, contestée par une partie de la population en raison de son caractère discriminatoire pour les femmes et certaines minorités. En réaction, d’importantes manifestations ont eu lieu dans tout le pays ainsi que d’importants blocus. Le principal a entraîné la fermeture complète de la frontière avec l’Inde pendant de nombreux mois. L’Inde est le premier fournisseur de matières premières du Népal. Cette fermeture a donc eu des conséquences majeures sur l’économie népalaise. Elle a notamment engendré une inflation record du coût de la vie de près de 10 % en 2016.

Les changements à la tête du Gouvernement avec l’arrivée du parti maoïste, ainsi que les dissensions entre les partis au pouvoir sur le contrôle des aides liées à la reconstruction, ont entraîné un blocage complet des prises de décisions pendant de nombreux mois. Les travaux publics de reconstruction n’ont donc pu être mis en œuvre qu’en fin d’année 2016. Les associations et organisations non gouvernementales (ONG) ont, quant à elles, dû faire preuve de patience pour la validation des projets d’aide post-séisme. C’est le cas de nos partenaires Bikalpa et VOC. Ce n’est qu’en février 2016, qu’ils ont obtenu les accords du Gouvernement pour débuter leurs projets d’aide aux populations des zones les plus touchées et leur offrir un soutien psychologique.

Les enfants des rues

Malgré cette situation très instable, la problématique des enfants des rues est un enjeu majeur pour le nouveau Gouvernement. En mai 2016, une nouvelle loi** a été adoptée en faveur du droit des enfants des rues. Elle assure le secours, la protection et le suivi des enfants des rues. Elle impose que chaque enfant soit sauvé et placé en centre d’accueil d’urgence. De fait, aucune aide ou suivi ne peut désormais être apporté aux enfants directement dans la rue par les ONG. Le Gouvernement a pour mission de récupérer tous les enfants vivant dans les rues. Il les réfère à six associations népalaises reconnues pour leur travail en faveur de ceux-ci, dont VOC et CWCN.

Ashish au centre d'accueil d'urgence de VOC au Népal

Depuis quelques mois, nos deux partenaires ont ainsi connu d’importants changements dans leurs actions. Ils ont mis fin à leur travail de rue pour se concentrer sur l’accueil des enfants de plus en plus nombreux dans les centres d’urgence. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour que les projets soient protégés de ce contexte politique et économique instable. Chaque jour, nos partenaires se battent pour offrir un avenir meilleur à tous ces enfants sans repère. Chaque jour, ils les préparent à devenir les futurs acteurs de la société népalaise.

5 000 enfants vivent encore à ce jour dans les rues au Népal,
dont 1 200 à 1 500 dans la seule vallée de Katmandou.

Flavie Lauvernier
Responsable de suivi de Programmes et Référente nouveaux partenariats

*via l’Autorité de Reconstruction Népalaise
**en coordination avec le Bureau Central de la Protection de l’Enfance
*** Selon le Centre Népalais de Protection de l’Enfance