Le Liban, un pays toujours en crise

Le Liban connaît une crise économique profonde, classée par la Banque Mondiale parmi les crises économiques et financières mondiales les plus sévères de l’histoire moderne. L’inflation est abyssale, en 2022 l’indice des prix à la consommation a progressé de plus de 120 %, ce taux était de 220 % en 2021 et de 145 % en 2020, ce qui place le Liban au 3e rang mondial des pays les plus inflationnistes.

La hausse des prix, notamment des produits alimentaires, impacte le pouvoir d’achat des ménages qui peinent de plus en plus à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Une hausse vertigineuse des prix du carburant a eu lieu en 2021 et 2022, cela a des conséquences sur les transports, mais aussi sur l’accès aux générateurs privés, sur le fonctionnement des centrales électriques et des bâtiments publics tels que les hôpitaux, les administrations ou encore les établissements scolaires.

L’inaction politique persistante et l’absence d’un pouvoir exécutif opérationnel aggravent la situation socio-économique du pays déjà dégradée et menace de perturber la paix sociale.

Face aux nombreux défis que traverse le Liban depuis trois ans : crise économique et financière, crise syrienne, la COVID-19 et l’explosion du port de Beyrouth, on constate des répercussions sur quatre services publics essentiels : l’électricité, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’éducation. Une grande partie de la population, qui n’a pas les moyens de s’offrir des services de substitution, est laissée de côté. Des actes de violences à l’égard des réfugiés, en particulier syriens, se sont intensifiés dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources.

Le Liban entre ainsi dans une nouvelle ère, marquée par la multiplication des conflits à travers tout le pays, ce qui a des répercussions sur les populations les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Pour faire face à leurs difficultés économiques, les ménages ont recours à des mesures désespérées, notamment en réduisant leurs dépenses en matière de santé, d’éducation, de nourriture et en consommant des produits de moins bonne qualité. Le travail des enfants et les mariages précoces font partie des stratégies d’adaptations négatives adoptées par les familles, qui ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs enfants, les exposant ainsi à différentes formes de violences, d’exploitations et d’abus. Du fait de l’inflation, les écoles publiques sont en grève et fermées depuis 3 mois.

Février 2023 :  Yolaine Guérif, Directrice générale de PARTAGE, se rend au Liban

Du 20 au 21 février 2023, Yolaine Guérif a rendu visite au SESOBEL, partenaire de PARTAGE depuis 1979, qui intervient dans le nord de Beyrouth, à Aintoura, pour une meilleure prise en charge des enfants en situation de handicap.

« Quelle joie de découvrir ce lieu incroyable où les enfants sont au cœur de toutes les attentions. À toutes les étapes de leur parcours de vie, le SESOBEL s’assure de la participation des enfants quel que soit leur handicap ainsi que de toute leur famille. Un grand merci à toute l’équipe du SESOBEL pour votre accueil et ce beau partenariat qui nous lie, cette visite au Liban donne du sens et de l’humanité à mon engagement auprès de PARTAGE.« 

Puis, du 22 au 24 février 2023, la Directrice générale s’est rendue au MSL, partenaire de PARTAGE depuis 1993, qui intervient dans des quartiers où le taux de précarité est élevé afin de soutenir et faciliter l’accès à des enfants et familles en situation de grande vulnérabilité à l’autonomie et à la citoyenneté. Les enfants et leur famille sont accueillis dans les centres communautaires du MSL, situés dans trois quartiers de la banlieue de Beyrouth, et sont accompagnés par une équipe d’éducateurs, de psychologues et d’assistantes sociales. C’est au sein de ces centres, que le projet Solidarité Liban, porté par le MSL et PARTAGE, est mis en place.

« Ce séjour au Liban avec le Mouvement Social Libanais (MSL), dans les quartiers de Jnah, Sin el fil et Bourj hammoud, me remplit d’énergie et de force ! Je ressens une grande fierté de pouvoir participer à ce beau projet au service de ces enfants du Liban et de Syrie qui comptent sur nous ! J’ai aussi vécu un moment fort aux côtés de l’équipe lors d’un échange très riche entre psychologues de France et du Liban autour des questions que soulève la prise en charge de personnes exilées, victimes de violences politiques. Merci à Traces et au MSL de m’avoir ouvert les portes de cet espace incroyable. »

Traces est un réseau de psychologues et psychanalystes dédié à la prise en charge des souffrances provoquées par la guerre, la torture et la violence politique. L’association accompagne également le personnel soignant et leur prodigue des conseils dans le cadre de la prise en charge de leurs patients. Dans le cadre du projet Solidarité Liban, quatre praticiens de l’association Traces se sont rendus au MSL, en février également, afin d’échanger avec leurs homologues du Liban. Plusieurs thèmes ont été abordés au cours de cette rencontre comme l’implication des pères, l’importance de travailler sur les liens familiaux via la thérapie familiale, et les modalités d’accompagnement et de soutien apportés aux soignants et praticiens qui travaillent au plus proche des populations bénéficiaires. 

Le projet Solidarité Liban – Enfants en détresse

Depuis le 1 septembre 2021, suite à l’explosion du port de Beyrouth, PARTAGE a lancé un projet de soutien aux enfants défavorisés et à leur famille dans les quartiers de Bourj Hamoud, Jnah et Sin El Fil soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD), la Fondation de France et les marraines et parrains de PARTAGE.

Face aux difficultés que rencontrent le pays, la santé mentale des populations vulnérables s’est fortement détériorée. Une évaluation du Mouvement Social Libanais menée en 2021 auprès de 290 foyers dans le quartier de Bourj Hammoud, a révélé que 83 % des personnes interrogées étaient victimes de troubles du sommeil, 86 % avaient des problèmes de concentration et 90 % avaient développé des troubles dépressifs.

L’objectif principal du projet est de soutenir les communautés vulnérables fortement touchées par les crises libanaises en proposant des activités de soutien plurisectorielles et plus spécifiquement de permettre aux enfants et aux jeunes issus des milieux défavorisés de mieux surmonter les obstacles nés de ces crises libanaises successives en développant des opportunités pour leur avenir.

Pour cela, les enfants et les familles qui souffrent de troubles reçoivent un soutien psychosocial adapté grâce à des équipes et à des services adaptés : psychologique ou psychiatrique. Les enfants et jeunes peuvent suivre des séances de soutien scolaire et certains sont accompagnés pour accéder à des formations professionnelles adaptées. Le MSL propose également des séances autour de la parentalité positive, la protection des enfants étant au cœur des missions de PARTAGE et du MSL.

Site dédié au projet : projet-liban.partage.org
Soutenir le projet : soutenir.partage.org/projet-liban-soutenir