Dégradation du climat sécuritaire

Les violences commises par les gangs avaient déjà perturbé le pays entier de septembre à novembre 2022. Pourtant, le début de l’année 2023 avait bien commencé : les écoles ont rouvert leurs portes et même le carnaval a pu être célébré dans les rues de Port-au-Prince en février dernier sans incident majeur. Une accalmie de courte durée.

Le climat sécuritaire d’Haïti s’est fortement dégradé ces derniers jours. Début mars, des affrontements entre bandes armées ont lieu dans divers quartiers de Port-au-Prince jusqu’ici épargnés par les violences et l’insécurité qui mine le pays. Selon des informations fournies par Radio France International (RFI), les gangs contrôlent maintenant 100 % de la capitale haïtienne. Des détonations d’armes à feu retentissent régulièrement dans tous les quartiers. De nombreuses familles ont dû fuir leurs domiciles et le nombre d’enlèvements n’a jamais été aussi élevé (80 enlèvements lors des dernières 48h).

Extension des violences hors de la capitale

Les gangs commencent à étendre leurs actions et à s’implanter dans d’autres régions du pays. Dans le département rizicole de l’Arbonite, les gangs gagnent du terrain et menacent directement les productions agricoles. Les bandes armées « contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité du territoire, pillent, assassinent, enlèvent, violent et volent en toute impunité. » (RFI). L’emprise des gangs sur cette région agricole majeure pour Haïti fait craindre des risques de famines dans les mois à venir.

Abandon de la population par les forces de police

C’est en Arbonite justement qu’un commissariat a été pris d’assaut en janvier dernier et que sept officiers de police ont été tués. Par la suite, plusieurs commissariats de la région ont été fermés. Les policiers s’estiment sous-équipés et sous-encadrés pour faire face aux bandes armées, un sentiment de révolte couve dans l’institution. Aujourd’hui, de moins en moins de fonctionnaires de police effectuent leurs missions « normales » ou patrouillent. Les rues sont laissées aux gangs. Le quotidien haïtien Le Nouvelliste titrait ce week-end « Les bandits ont le champs libre ».

Indécision de la communauté internationale

En octobre 2022, le premier ministre Haïtien, Ariel Henry, demandait officiellement une intervention armée de la part de la communauté internationale. Cette demande fut reçue avec beaucoup de circonspection par la population haïtienne qui ne garde pas un bon souvenir des précédentes interventions. De même, la communauté internationale fut pour le moins frileuse pour répondre à cette demande ; arguant que, dans la mesure où Haïti ne possède plus de gouvernement pleinement et légitimement élu et qu’une partie de la classe politique est directement liée au financement et au développement des gangs, il est compliqué de lutter contre ces derniers et de rétablir un état de droit.

Vers une déstabilisation durable d’Haïti

Sans action internationale, avec une police de plus en plus démissionnaire et une incurie politique rare (le journal Alterpresse cite « les politiciens qui préfèrent laisser mourir ce pays plutôt que d’avoir une force internationale tout en étant incapable de proposer une alternative à cette force »), il paraît difficile, aujourd’hui, d’envisager un avenir meilleur pour Haïti à court ou moyen terme. Un rapport récent des Nations Unies conclut : « Si la situation en Haïti continue de se détériorer et que ses institutions de sécurité se désintègrent, une réponse internationale significative sera nécessaire, y compris une aide d’urgence à grande échelle et une opération de stabilisation ou de soutien à la paix. »

ADEMA, partenaire haïtien de PARTAGE

PARTAGE soutient depuis 2013 l’association ADEMA qui intervient dans le Nord-Ouest d’Haïti. La zone d’intervention se caractérise essentiellement par une forte vulnérabilité face aux conditions climatiques et un accès aux services de base comme l’éducation publique qui est très limité : les écoles sont peu nombreuses et leurs moyens insuffisants.

ADEMA intervient essentiellement dans le domaine de l’éducation, du développement local, de la sécurité alimentaire, de l’eau et de l’assainissement.

Le projet financé par PARTAGE (et cofinancé par l’Agence Française de Développement) a pour but de revaloriser l’enseignement public fondamental en Haïti pour contribuer à atteindre l’objectif de scolarisation universelle gratuite et obligatoire. Ce sont près de 7 300 enfants par an qui en sont directement bénéficiaires.

Si vous souhaitez soutenir ce partenaire, n’hésitez pas à prendre un parrainage d’action :
soutenir.partage.org/devenir-parrain-haiti