Un contexte sécuritaire dégradé

En Haïti, le début de l’année 2023 avait bien commencé : les écoles ont rouvert leurs portes en janvier et même le carnaval a pu être célébré dans les rues de Port-au-Prince. De même, la rentrée scolaire 2023-2024 a pu avoir lieu en septembre sans retard majeure, une première depuis 3 ans.

Pourtant, les violences commises par les gangs perturbent le pays entier depuis des années. Les gangs contrôlent une grande partie de la capitale haïtienne. Des détonations d’armes à feu retentissent régulièrement dans tous les quartiers. De nombreuses familles ont dû fuir leurs domiciles et le nombre d’enlèvements n’a jamais été aussi élevé. Selon les Nations Unies, la violence des gangs et bandes armées a fait plus de 2 500 morts depuis le début de l’année 2023. La recrudescence de la violence à Port-au-Prince, a poussé environ 40 000 personnes (depuis mi-août) à quitter leur domicile, portant le nombre de déplacés internes du pays à plus de 200 000, exacerbant une crise humanitaire complexe, où près de la moitié du pays est confrontée à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire.

Extension des violences hors de la capitale

Depuis 2022, les gangs commencent à étendre leurs actions et à s’implanter dans d’autres régions du pays. Dans le département rizicole de l’Arbonite, les gangs gagnent du terrain et menacent directement les productions agricoles. Les bandes armées « contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité du territoire, pillent, assassinent, enlèvent, violent et volent en toute impunité. » (RFI). L’emprise des gangs sur cette région agricole majeure pour Haïti fait craindre des risques de famines dans les mois à venir.

Abandon de la population par les forces de police

C’est en Arbonite justement qu’un commissariat a été pris d’assaut en janvier dernier et que sept officiers de police ont été tués. Par la suite, plusieurs commissariats de la région ont été fermés. Les policiers s’estiment sous-équipés et sous-encadrés pour faire face aux bandes armées et hésitent de fait à descendre patrouiller dans les rues. La population se sent abandonnée par ses propres forces de l’ordre.

Vers une déstabilisation durable d’Haïti

Avec une police de plus en plus démissionnaire et une incurie politique rare. Le journal Alterpresse cite « les politiciens qui préfèrent laisser mourir ce pays plutôt que d’avoir une force internationale tout en étant incapable de proposer une alternative à cette force. ».  Aujourd’hui, il paraît difficile d’envisager un avenir meilleur pour Haïti à court ou moyen terme. Un rapport récent des Nations Unies conclut : « Si la situation en Haïti continue de se détériorer et que ses institutions de sécurité se désintègrent, une réponse internationale significative sera nécessaire, y compris une aide d’urgence à grande échelle et une opération de stabilisation ou de soutien à la paix. »

L’insécurité et la violence ont un impact terrible sur l’enfance du pays, l’accès à la santé, l’eau, l’alimentation et à l’éducation étant sévèrement limitée. Plus de 500 000 jeunes n’ont pas accès à l’éducation et de nombreux enfants sont recrutés par les gangs faute d’opportunités, ou par peur des représailles.

Indécision de la communauté internationale

En octobre 2022, le Premier Ministre haïtien, Ariel Henry, demandait officiellement une intervention armée de la part de la communauté internationale. Cette demande fut reçue avec beaucoup de circonspection par la population haïtienne qui ne garde pas un bon souvenir des précédentes interventions. De même, la communauté internationale fut pour le moins frileuse pour répondre à cette demande ; arguant que, dans la mesure où Haïti ne possède plus de gouvernement pleinement et légitimement élu et qu’une partie de la classe politique est directement liée au financement et au développement des gangs, il est compliqué de lutter contre ces derniers et de rétablir un état de droit.

« Une lueur d’espoir » selon le Ministre des affaires étrangères d’Haïti

Pourtant, après de nombreux débats, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé le 02 octobre 2023 le déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), une force de police non-onusienne, pour une période initiale de 12 mois.

Ce déploiement se fera en coopération et en coordination étroites avec le Gouvernement haïtien et « dans le strict respect du droit international« . La résolution autorise les États Membres (avec le Kenya en tête) à fournir un appui opérationnel à la Police Nationale d’Haïti (PNH), notamment pour renforcer ses capacités par la planification et la conduite d’opérations communes d’appui à la sécurité : lutte contre les bandes, violences et crimes, sécurité des infrastructures critiques et des lieux de transit (aéroport, ports, écoles, hôpitaux, principaux points d’intersection).

Le 16 novembre dernier, cette mission internationale de soutien à la sécurité, déployant un millier de policiers kényans, a été approuvée par le Parlement de Nairobi ouvrant la voie a une action concrète. Bien qu’officiellement appuyé par les Etats-Unis, ce déploiement est encore soumis à son financement par la communauté internationale.

ADEMA, partenaire haïtien de PARTAGE

PARTAGE soutient depuis 2013 l’association ADEMA qui intervient dans le Nord-Ouest d’Haïti. La zone d’intervention se caractérise essentiellement par une forte vulnérabilité face aux conditions climatiques et un accès aux services de base comme l’éducation publique qui est très limité : les écoles sont peu nombreuses et leurs moyens insuffisants.

ADEMA intervient essentiellement dans le domaine de l’éducation, du développement local, de la sécurité alimentaire, de l’eau et de l’assainissement.

Le projet financé par PARTAGE (et cofinancé par l’Agence Française de Développement) a pour but de revaloriser l’enseignement public fondamental en Haïti pour contribuer à atteindre l’objectif de scolarisation universelle gratuite et obligatoire. Ce sont près de 7 300 enfants par an qui en sont directement bénéficiaires.

Si vous souhaitez soutenir ce partenaire, n’hésitez pas à prendre un parrainage d’action :
soutenir.partage.org/devenir-parrain-haiti