C’est par hasard que la route de Graeme croisa celle de Partage un jour de 1978 dans les rues de Paris. Pierre Marchand, fondateur de Partage, est déclencheur de cette rencontre : « J’ai rencontré ce jeune homme qui m’a arrêté dans la rue. Il m’a dit : « Vous êtes Graeme Allwright ? » Une amitié a commencé. Il aidait les vietnamiens. J’ai mis en musique « Message » d’un auteur vietnamien, Nhat Hanh. (…) J’ai aidé à financer le départ de Partage avec des concerts. Au Vietnam, on a créé des orphelinats avec l’argent que rapportaient ces concerts. Au Cambodge aussi. »

Pour aider les enfants orphelins, victimes de la guerre du Vietnam, Pierre Marchand a en effet organisé avec Graeme Allwright et Steve Waring, un concert à la Maison de la Mutualité, à Paris.

Puis, en 1980, Graeme Allwright partage la scène avec Maxime Le Forestier, pour une tournée dont les bénéfices sont reversés à Partage pour les enfants du tiers-monde, nom de l’association avant qu’elle ne devienne Partage avec les enfants du monde. Maxime Le Forestier se souvient : « Il m’appelle pour qu’on fasse un gala pour l’association Partage pour les enfants du Tiers-Monde qu’il a créée avec des moines bouddhistes du Cambodge. Il s’agit de réparer le toit d’un dortoir pour filles. Mais je lui ai dit qu’un gala ne suffirait pas, qu’il faut faire une tournée. Et nous voilà partis pour seize concerts. C’était l’abbé Pierre, il n’a jamais gardé un soir pour lui. » Le concert au Palais des Sports de Paris donna lieu à la publication d’un double album où parraissait Marcel Azzola et le groupe malgache qui travaillait avec Graeme Allwright à l’époque.

Graeme Allwright s’est impliqué directement pendant quelques années, il a été l’une des chevilles ouvrières de l’association.

Graeme Allwright, chanteur français d’origine néo-zélandaise et humaniste engagé, connu notamment pour avoir adapté de nombreuses chansons d’artistes folks américains en français, est mort ce dimanche 16 février à l’âge de 93 ans.

Toute l’équipe de Partage adresse ses sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à tous ses proches, et nous tenons à remercier une dernière fois Graeme Allwright pour son soutien, il fait partie de l’histoire de Partage qui fêtera bientôt ses 50 ans.

Témoignages de parrains

Daniel L., fidèle parrain depuis 1984, a été parrain d’un enfant du Vietnam puis d’Inde où il s’est rendu plusieurs fois. Il a beaucoup participé à la vie de Partage en assistant aux Assemblées générales, aux forums et en contribuant à faire connaître Partage dans son entourage avec un groupe local au Pays-Basque. Il est aujourd’hui parrain de programmes en Inde (SARD) et en Haïti (ADEMA). En apprenant la mort de Graeme Allwright, qui était selon lui le « colporteur de Partage », écrit ce poème qu’il nous envoie :

Graeme Allwright

La douce sérénade de la désescalade…
Il faut mes frères préparer le jour de clarté…

Nous t’avons chanté, déclamé, de feux de camp sous les étoiles
en rencontres fraternelles, sur les hauteurs du Larzac,
sous les chapiteaux des théâtres ambulants, dans les soirées au coin du feu,
dans la cour du château de Barjac il n’y a pas si longtemps,
sur le sable frais des plages à l’heure du couchant…
Tu as revisité la Marseillaise devenu grâce à toi un chant fraternel
sans fleuve de sang coulant dans les sillons.

Sacré Graeme, baladin aux pieds nus, quelle vie !
Elle est loin ton enfance à Wellington en Nouvelle-Zélande
où tu partageais la tarte aux pommes avec ta maman et ton vieux papa.
Tu as trimé comme un forçat sur le rafiot qui t’a mené en France,
tu as charrié la terre dans les vignobles de Bourgogne puis trente six métiers,
parfois un peu beaucoup de misère avant de prendre la guitare
pour notre plus grand bonheur.
C’est Colette Magny et Mouloudji qui t’ont mis sur les rails de la chanson
à l’aube de la quarantaine.

Parfaite harmonie entre ton chant et ta vie,
pas de complaisance avec les ors du showbiz,
tu menais ta barque en homme libre.
À l’heure du succès, tu n’as pas hésité à prendre la route des Indes,
de l’Éthiopie, de Madagascar pour te frotter à la réalité du monde
nourrissant ton âme des richesses intérieures des peuples visités.
Tu maniais la houe dans les jardins d’Auroville, cultivais ton jardin
dans l’île de la Réunion où tu séjournas durant quelques années.
L’intensité de ta vie spirituelle nourrissait tes ballades
dans un respect de tout être vivant,
avec toujours cette soif de justice sans jamais jeter l’anathème.

Cohen, Dylan, Guthrie, Seeger et bien d’autres folksingers
ont été adaptés en français avec une extrême justesse.
Nous n’oublierons pas « Suzanne », « Petites boîtes », « Le trimardeur »,
« L’étranger », « Emmène-moi, le magnifique et bouleversant « Message »
du moine vietnamien Thich Nhat Hanh et tant d’autres pépites.
Colporteur de Partage, tes chansons ont soulagé la misère de tant d’enfants
des quatre coins du monde.

Cher Graeme, te voilà dans la mémoire des étoiles, troubadour céleste,
chante-nous encore ta Marseillaise et que les maîtres du monde tendent l’oreille
car il y a urgence, extrême urgence !

Gérard L. soutient Partage depuis 2002. Il est aujourd’hui parrain d’un enfant de Bel Avenir à Madagascar. Il est venu spontanément vers nous pour nous raconter que c’est grâce à Graeme Allwright qu’il a connu Partage :

Vous avez appris comme nous la disparition de Graeme Allwright dimanche dernier. C’est grâce à lui que nous avons connu, ma femme et moi, l’association PARTAGE. Ce chanteur atypique bourlingueur au grand coeur, pétri d’humanité, était très connu surtout dans les années 60-70-80. Un peu comme Hugues Aufray. Nous étions venus le voir à Angers à un concert gratuit (il en a fait tellement  !) en décembre 2000 au profit de Partage… Bien sûr, nous n’oublierons jamais cette soirée… Il était tout l’opposé du show-biz qu’il détestait. C’est donc ce soir-là que nous avons entendu parler de Partage. Et c’est grâce à lui si nous nous sommes modestement engagés. Comme beaucoup d’autres personnes sûrement.

Bien que nous savions ma femme et moi qu’il était en fin de vie (93 ans c’est quand même beau aussi, mais on voudrait que les êtres qu’on aime ne nous quittent pas !), sa mort nous laisse infiniment tristes. Il a semé beaucoup d’étoiles, parlait de la justice, de la paix, était proche des gens qui le lui rendaient bien… Un poète d’une grande profondeur et d’une simplicité, d’une empathie très rare… Reposez en Paix, Graeme, vous avez tellement donné de vous-même pour rendre cette Terre plus belle…

Articles parus dans la presse où l’on évoque le soutien de Graeme Allwright pour Partage :

Interview de Graeme Allwright sur France culture où il évoque son soutien à Partage :