« Tous les enfants doivent pouvoir aller à l’école, et ainsi bénéficier des mêmes opportunités de se construire un avenir », voici comment la Convention Internationale des Droits de l’Enfant commence sa définition du droit à l’éducation.
Tous les enfants ne partent cependant pas de la même situation sociale, culturelle mais aussi physique et cognitive. Ils ne font pas non plus face aux mêmes inégalités de genre. Comment alors bénéficier des mêmes opportunités dans ces conditions ?

Pour que l’apprentissage ne laisse personne de côté, et pour que le handicap ne soit pas un frein à l’épanouissement de l’enfant, c’est bien l’école qui doit s’adapter à ces élèves aux besoins spécifiques et non l’inverse. Or, le handicap a des conséquences fortes sur le bien-être et l’accès à l’éducation. En effet, selon le rapport UNICEF de 2021, « Vus, pris en compte et inclus », en comparaison aux enfants sans handicap, ces enfants sont 42 % moins susceptibles d’avoir des connaissances de base en lecture et calcul et 32 % plus susceptibles de subir de graves châtiments corporels.
L’école, contrairement à ses ambitions, contribue dans tous les pays à produire et reproduire les inégalités existantes dans la société. En être conscient et chercher à limiter ce biais inhérent aux systèmes éducatifs est la première étape pour davantage d’inclusion. L’éducation inclusive, c’est promouvoir l’égalité des enfants en s’articulant autour des besoins, des différences et des capacités de chacun d’entre eux. Cela nécessite une volonté politique et des moyens importants : il faut alors que le système éducatif soit adapté aux besoins de chaque élève pour que chacun puisse se sentir chez lui à l’école. Cette adaptation ne peut se faire qu’à tous les niveaux, par l’infrastructure, le matériel pédagogique, les méthodes d’enseignement, mais aussi par les moyens humains, c’est-à-dire par le nombre d’enseignant·es et leur formation, mais aussi par un accès à l’école pour toutes et tous, sans que le coût de l’éducation ne soit un frein.

Un environnement éducatif qui donne toute leur place à des enfants en situation de handicap bénéficie à tous les élèves et ce, à plusieurs niveaux :

1/ Il aide tous les élèves à atteindre leur plein potentiel, éducatif et social

L’enseignement inclusif permet à tous les élèves d’avoir un accès égal au programme d’enseignement en leur fournissant le soutien nécessaire à leur réussite. La recherche montre également que lorsque des élèves ayant des besoins éducatifs différents apprennent ensemble, tous les élèves connaissent un meilleur développement scolaire et social et des expériences plus réussies après l’école. En effet, les environnements permettant la participation de tous et de toutes, filles, garçons, enfants en situation de handicap, enfants venant de divers situations sociales et culturelles, offrent aux élèves une expérience d’apprentissage diversifiée, leur permettant d’apprendre et d’interagir avec des camarades de classe qui ont des forces et des faiblesses différentes

2/ Il prépare les élèves à la vie après l’école et à créer une société plus juste

L’éducation inclusive permet d’apprendre dans différents contextes avec différents types d’apprenants, elle encourage à travailler ensemble et à respecter les différences des autres. Cela contribue à faire tomber les barrières et les préjugés qui peuvent exister entre différents groupes de personnes et réduire ainsi les risques de harcèlement en créant un environnement d’apprentissage sûr et accueillant pour tous les élèves en développant l’empathie et la confiance en soi.

3/ Il facilite la participation de tous les enfants, et pas seulement ceux qui sont en situation de handicap

Cette adaptabilité de l’école ne peut passer que par l’écoute et par le respect du droit à la participation de tous les enfants. Cependant, dans la pratique, certains obstacles empêchent certains groupes d’enfants de faire entendre leur opinion. C’est tout particulièrement le cas des enfants en situation de handicap. Cela peut venir de plusieurs facteurs : la sous-estimation de leurs capacités, les barrières de communication, le manque de confiance, de formation ou de temps de la part des enseignant·es. En effet, ne serait-ce qu’en France, une majorité des enseignant·es accueillent sans hésitation des élèves en situation de handicap, mais la plupart, selon les données du Ministère de l’éducation français, « se sentent dépassés et se montrent insatisfaits des opportunités de formation qui leur sont données ».

Les actions de PARTAGE en faveur de l’inclusion des enfants en situation de handicap

PARTAGE et certains de ses partenaires prennent en compte dans les projets de développement mis en oeuvre sur le terrain trois axes clés à une meilleure inclusion des enfants porteurs de handicap, à savoir :

  • l’accompagnement thérapeutique ;
  • l’inclusion dans les classes ;
  • la sensibilisation et le plaidoyer.

Par exemple en Équateur, notre partenaire SAN JUAN travaille principalement les thèmes de la réhabilitation et de l’éducation inclusive pour les enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale (IMC) et de handicaps physiques et mentaux entraînant des besoins spécifiques. L’intervention de notre partenaire se base sur la prévention et la détection, l’accompagnement et l’accueil spécialisé. San Juan possède deux classes de préscolaire inclusives où les enfants, qu’ils soient porteurs d’un handicap (75 % en 2021) ou non (25 % en 2021), s’éveillent et se préparent à l’école primaire. Dans le même temps, les enfants le requérant participent à des thérapies individuelles réalisées par les spécialistes de la fondation. Passé le préscolaire, SAN JUAN travaille avec plusieurs écoles de la ville pour favoriser l’inclusion des enfants en situation de handicap en classe. Cela passe par des aménagements des salles de classe et des formations à destination des élèves, des parents et des professeurs.

Toujours à Quito, en Équateur, notre second partenaire du pays est l’INEPE. Comme beaucoup d’écoles de la ville, l’INEPE a été accompagné par SAN JUAN sur la thématique de l’inclusion des enfants en situation de
handicap.

En 2017, Wladimir Javier, étudiant à l’INEPE, nous livre ce témoignage :
Wladimir Javier, étudiant à l’INEPE« J’ai 18 ans et ce mois-ci, j’obtiens un baccalauréat en sciences générales à l’INEPE. J’ai un frère jumeau qui est en train de passer son diplôme avec moi, et aussi un frère plus âgé. Je vis avec ma grand-mère depuis que j’ai 15 ans, après le décès de ma mère, c’est elle qui m’a fourni tout ce dont j’avais besoin. En raison d’une négligence médicale, et parce qu’ils n’ont pas pratiqué la césarienne dont ma mère avait besoin, lorsque je suis né après mon frère, j’ai suffoqué et cela m’a causé une IMC qui m’a principalement empêché de marcher. Mais en même temps, cette condition m’a fait voir la vie sous un angle différent et sentir que, malgré les problèmes, si vous marchez petit à
petit, vous pouvez réaliser ce que vous vous êtes fixé. Avant d’entrer à l’INEPE, j’ai été rejeté de deux écoles en raison de mon handicap, mais ici, malgré mes difficultés, j’obtiens mon diplôme et j’ai le sentiment que mon objectif a été atteint. De plus, au sein de l’INEPE, j’ai pu faire de la danse parce que j’ai ressenti le besoin de montrer que la danse n’est pas réservée aux femmes et aussi de rompre avec les paradigmes esthétiques de la danse traditionnelle. Cela m’a également aidé en tant que thérapie, pour améliorer mes capacités physiques et motrices.
Ce que je retiens de mes professeurs de l’INEPE, c’est que j’ai grandi non seulement sur le plan académique mais aussi sur le plan humain, car après avoir terminé mes études, je comprends que l’une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés au XXIème siècle est que les jeunes générations grandissent de manière incomplète et pleine de préjugés ou de stéréotypes. »

Notre partenaire SESOBEL, au Liban, est une structure au service de l’enfant en situation de handicap et de sa famille. La situation éducative dans le pays est particulière : le nombre d’écoles n’est pas suffisant et les effectifs sont surchargés du fait de l’intégration des déplacés Syriens. Cependant, notre partenaire travaille avec le Ministère de l’éducation pour développer autant que possible l’inclusion scolaire, que ce soit partiellement, avec certaines activités, comme la musique, le chant et le sport par exemple, ou totalement, avec un soutien scolaire spécialisé quand certaines matières posent problème. Lorsque le COVID a limité les déplacements dans le pays, et tout particulièrement pour les enfants en situation de handicap, le SESOBEL a organisé des activités récréatives collectives en ligne, pour garder le contact et limiter l’isolement de ces enfants. L’intégration des enfants du personnel à ces ateliers a permis de favoriser les dynamiques, le partage et d’en faire des moments inclusifs à part entière qui ont bénéficié à tous et toutes.