VOC - Enfants des rues

KEOOGO, Voice of Children et CWCN travaillent avec les enfants en situation de rue. Sauvetage, réhabilitation et réintégration sont les maîtres-mots de leur travail. Depuis 2005, PARTAGE accompagne les associations népalaises, Voice of Children (VOC) et Child Watabaran Center Nepal (CWCN) qui luttent contre ce phénomène. PARTAGE poursuit sa dynamique en soutenant l’association KEOOGO à Ouagadougou, au Burkina Faso, avec qui elle a démarré une phase de première collaboration en 2018.
Pourquoi y a-t-il toujours des enfants des rues en 2019 ? Les réponses sont multiples. Bien souvent les blessures relationnelles au sein du foyer sont le premier facteur de déstabilisation. La pauvreté, le manque d’éducation, l’existence de réseaux peu scrupuleux font le reste.

Découvrez le témoignage de Govinda Koirala de VOC qui travaille depuis 20 ans auprès des enfants des rues de Katmandou

Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Govinda Koirala, j’ai 41 ans et je suis Coordinateur du programme « Enfants des rues ». Je travaille pour l’association Voice of Children depuis 14  ans.

Pourquoi et quand avez-vous commencé à travailler avec les enfants des rues ?
Après avoir achevé ma formation, j’ai constaté que de nombreux enfants étaient dans la rue et j’ai commencé à travailler avec une organisation qui s’occupait des enfants dans la rue dès 1997. C’est en 2004 que j’ai commencé à travailler avec VOC pour les droits des enfants des rues. Depuis, c’est un travail quotidien avec eux pour les guider de la rue à une réintégration familiale et communautaire.

Pouvez-vous nous décrire votre métier, vos responsabilités ?
Je coordonne, avec les comités de secours du gouvernement, les opérations pour le recueil des enfants depuis la rue vers nos centres d’accueil. J’effectue le travail préparatoire et j’assure la direction des équipes de VOC, mais je travaille surtout au contact des enfants et des jeunes qui viennent de la rue, essentiellement pour les conseiller et préparer leurs plans d’avenir.

Quelle a été l’évolution de la situation pour les enfants des rues de la vallée de Katmandou ces dernières années ?
Depuis la mise en place d’un plan d’action par le gouvernement, le travail est devenu plus systémique et le comité de secours gouvernemental est désormais le seul qui prend en charge le sauvetage des enfants dans la rue. Dans la rue justement, moins d’enfants sont visibles mais cela est dû au fait qu’ils se cachent pour échapper au comité de secours. C’est surtout le cas des enfants qui habitent dans la rue depuis un certain temps et qui vivent de la revente de drogue et de la prostitution.

Comment les enfants arrivent-ils dans la rue ? Qu’y vivent-ils ?
Les enfants sont isolés de leur famille par manque d’amour et d’attention, à cause de la pauvreté qui ne permet pas l’accès à l’éducation et l’alimentation de base. L’influence néfaste d’autres jeunes et le trafic des proxénètes jouent aussi. Des familles envoient également leurs enfants travailler dans les villes. Ils sont alors employés comme boys (« personnel de maison  »), plongeurs dans des restaurants, ouvriers dans des fabriques de tapis ou de briques.
Après avoir travaillé quelque temps sans avoir pu se procurer assez d’argent, se nourrir et en étant souvent exploités, ils décident de quitter leurs postes et se retrouvent dans la rue. Au début, les enfants mendient auprès des touristes, collectent des ordures, vendent des petits objets, lavent les voitures, etc. Puis, ils sont recrutés comme vendeurs de drogues, racoleurs dans le milieu de la prostitution, voleurs, etc. Ils dorment le long des routes, près des temples ou des grands magasins.

Dans quel état les enfants arrivent-ils au centre d’accueil ?
Au début, les enfants ne sont jamais heureux. Ils ont l’impression d’avoir perdu leur liberté et ont du mal à se plier à la vie en communauté et aux règles (vivre ensemble, interdiction de prendre de l’alcool et de la drogue, pas de violence). Après avoir été orientés et rassurés, ils se sentent plus à l’aise et en sécurité. La plupart des nouveaux venus connaissent déjà d’autres enfants avec qui ils ont vécu un temps dans la rue.

Comment travaillez-vous avec ces enfants ?
Chaque assistant(e) social(e) travaille avec un enfant individuellement. Pendant l’ensemble de leur séjour chez VOC, les enfants seront accompagnés et conseillés pour améliorer leurs comportements, pour décider de leur avenir et mettre en place des activités en fonction de leurs souhaits et de leurs capacités. Nous nous concentrons sur le bien-être, le comportement, le lien avec les familles et le développement intra-personnel de l’enfant.
Personnellement, je m’attache surtout à conseiller les enfants et les jeunes qui viennent de la rue avec des difficultés, des addictions liées à la drogue par exemple. J’essaye de recréer du lien entre ces jeunes et leur famille.

Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Parfois, la coordination entre les organisations telles que VOC et les autorités gouvernementales, divisées en plusieurs bureaux, n’est pas simple. Mais tous, nous voulons améliorer les services de VOC. Nous avons aussi des difficultés pour nous occuper des enfants handicapés. VOC accueille tous les enfants mais a encore du mal à travailler avec les enfants ayant des déficits mentaux lourds.

Quelle est votre plus grande joie dans votre travail ?
Grâce à leur passage chez VOC, les enfants progressent et se rapprochent de leur famille. Pas à pas, ils sont réintégrés dans leur communauté. Après cela, les enfants reprennent contact avec moi pour me faire part de leurs progrès. C’est très satisfaisant. J’espère qu’il y aura une réduction du nombre d’enfants qui passent trop de temps dans la rue. Les enfants ne devraient pas vivre dans la rue. Le gouvernement népalais a mis en place de nouvelles lois et j’espère qu’elles seront également mises en pratique au niveau local. Maintenant, les municipalités ont l’autorité pour travailler avec les enfants et elles vont être capables de prendre en charge leurs problèmes. Nous voudrions développer la coordination avec les agglomérations afin de mieux prendre en charge ces enfants.

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